
La responsabilité pénale des dirigeants d’entreprise est un sujet complexe et souvent source d’inquiétude pour ces derniers. Quelles sont les principales infractions susceptibles d’engager leur responsabilité ? Comment se prémunir contre les risques encourus ? Décryptage de cette question cruciale pour les décideurs en entreprise.
Le cadre général de la responsabilité pénale des dirigeants
En France, la responsabilité pénale est individuelle et personnelle. Ainsi, tout individu peut voir sa responsabilité engagée s’il commet une infraction pénale. Les dirigeants d’entreprise ne font pas exception à cette règle. Ils peuvent être poursuivis pour des infractions commises dans le cadre de leurs fonctions, tant au regard du droit pénal général que du droit pénal spécial (droit du travail, droit de la consommation, droit de l’environnement…).
Cette responsabilité concerne aussi bien les dirigeants sociaux (président, directeur général, gérant…) que les dirigeants de fait, c’est-à-dire les personnes qui exercent en réalité le pouvoir décisionnel au sein de l’entreprise sans en avoir légalement la qualité.
Les principales infractions susceptibles d’engager la responsabilité des dirigeants
Un grand nombre d’infractions peuvent engager la responsabilité pénale des dirigeants. Parmi les plus courantes, on peut citer :
- Les infractions en matière de droit du travail : travail dissimulé, entrave au fonctionnement du comité d’entreprise, harcèlement moral, discrimination…
- Les infractions en matière de droit de la consommation : tromperie sur les qualités substantielles d’un produit ou service, publicité mensongère…
- Les infractions en matière de droit de l’environnement : pollution, mise en danger d’autrui par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence…
- Les infractions en matière de droit pénal général : escroquerie, abus de biens sociaux, corruption…
La délégation de pouvoirs pour limiter la responsabilité des dirigeants
Pour se prémunir contre les risques liés à leur responsabilité pénale, les dirigeants peuvent mettre en place une délégation de pouvoirs. Il s’agit pour eux de confier à un subordonné le pouvoir et la responsabilité d’accomplir certains actes relevant normalement de leurs compétences. Cette délégation doit respecter plusieurs conditions :
- La compétence du délégataire : celui-ci doit avoir les connaissances et l’expérience nécessaires pour exercer les pouvoirs qui lui sont délégués.
- La clarté de la délégation : les missions déléguées doivent être précises et limitées dans le temps et dans l’espace.
- Le contrôle du délégataire : le dirigeant doit s’assurer régulièrement que le délégataire exerce effectivement les pouvoirs qui lui ont été confiés.
En cas d’infraction commise par le délégataire, c’est ce dernier qui verra sa responsabilité pénale engagée, à condition que la délégation de pouvoirs soit valable. Toutefois, cela ne dispense pas le dirigeant de veiller au respect des lois et règlements par l’ensemble de ses collaborateurs.
Les autres moyens pour se prémunir contre les risques encourus
Outre la mise en place d’une délégation de pouvoirs, plusieurs autres actions peuvent être menées afin de limiter les risques liés à la responsabilité pénale des dirigeants :
- La formation : il est essentiel que les dirigeants et leurs collaborateurs soient régulièrement formés aux règles légales et réglementaires applicables à leur secteur d’activité.
- La mise en place de procédures internes : un système efficace de contrôle interne permet de détecter et de prévenir les risques d’infraction.
- L’audit externe : faire appel à un tiers indépendant pour auditer l’entreprise peut permettre d’identifier des dysfonctionnements et d’y remédier avant qu’ils n’entraînent une responsabilité pénale.
- La souscription d’une assurance : certaines assurances spécifiques peuvent couvrir les conséquences financières d’une mise en cause de la responsabilité pénale des dirigeants.
Il convient de noter que ces différentes mesures ne garantissent pas une protection absolue contre les risques encourus, mais elles contribuent à réduire significativement les probabilités de voir sa responsabilité engagée.
Le rôle de l’avocat en matière de responsabilité pénale des dirigeants
L’avocat est un acteur clé dans la prévention et la gestion des risques liés à la responsabilité pénale des dirigeants. Il peut notamment :
- Auditer l’entreprise pour identifier les zones de risque et proposer des solutions adaptées.
- Rédiger ou valider les délégations de pouvoirs, afin de s’assurer qu’elles sont conformes aux exigences légales et jurisprudentielles.
- Assister et conseiller les dirigeants dans la mise en place des mesures préventives évoquées précédemment (formation, procédures internes, audit externe…).
- Défendre les intérêts du dirigeant en cas de mise en cause de sa responsabilité pénale devant les juridictions compétentes.
Il est donc fortement recommandé aux dirigeants d’entreprise de se rapprocher d’un avocat spécialisé en droit pénal des affaires pour les accompagner dans la gestion de leur responsabilité pénale.
Les dirigeants d’entreprise doivent être particulièrement attentifs à la question de leur responsabilité pénale. Pour cela, ils peuvent mettre en place une délégation de pouvoirs, se former régulièrement, instaurer des procédures internes et recourir à l’audit externe. L’avocat a un rôle central dans la prévention et la gestion des risques liés à cette responsabilité, notamment en matière d’audit, de rédaction et validation des délégations de pouvoirs, et de défense en cas de poursuites judiciaires.